2008 – Virginie Arnold – Être précise pour participer à la fête des Jeux Olympiques – Tir à l’arc en équipe
Et pour cet épisode, j’ai eu la chance d’échanger avec Virginie Arnold, archère, médaillée de bronze de tir à l’arc par équipe en 2008 aux Jeux Olympiques de Pékin. Elle gagne cette médaille avec ses deux coéquipières Sophie Dodémont et Bérengère Schuh, équipe constituée sur sa complémentarité.
Elle nous raconte la technicité du tir à l’arc, l’importance de la gestion du stress dans ce sport de précision ainsi que l’ultra domination des Sud-Coréennes dans cette épreuve. Elle nous parlera aussi de la difficulté à gérer les éléments extérieurs, que ce soit la vie quotidienne ou la météo et les éléments naturels pour faire le vide au moment de viser la cible et de décocher sa flèche, et ce, jusqu’à la fin de son mouvement.
AMATEURS, c’est le podcast qui nous partage la rencontre de l’artiste Baptiste Chebassier avec des médaillés olympiques français pour qu’ils nous racontent leur histoire, celle de leur sport et celle de leur médaille. Il écrit tous les noms des médaillés olympiques depuis 1896 pour contribuer à sa façon aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Elle m’a dit, écoute Virginie, l’objectif des Jeux, t’es pas capable, on arrête là. Elle prend son vélo, elle rentre chez elle. Je lui ai dit, non, c’est pas ça. Je lui ai dit, je veux partir, donc, deux jours après, le temps de réfléchir, de me poser, etc. Deux jours après, je lui ai dit, non, non, mais moi, je veux partir aux Jeux. J’ai vu son sourire et c’est ce qu’elle attendait, que je verbalise que je souhaitais partir.
Baptiste Chebassier
Bonjour à toutes et à tous, je suis Baptiste Chebassier et j’écris à la main les 30 249 noms des médaillés olympiques depuis 1896. Cette grande fresque fera une fois terminée 130 mètres de long et je rajouterai pendant les Jeux de Paris 2024 les noms des nouveaux médaillés olympiques. Et pour la première fois, j’ajouterai aussi ceux des médaillés paralympiques dont la base de données n’existe malheureusement pas. Je souhaite rendre hommage à travers ce projet artistique à tous ces athlètes qui s’engagent et donnent tout ce qu’ils ont pour vivre l’aventure des Jeux. Ils consacrent ce qu’ils ont pour moi de plus précieux, leur temps. J’ai longtemps écrit le nom de personnes décédées, et une fois le nom du premier médaillé encore en vie inscrit, j’ai eu envie de partager ce moment d’écriture avec les vivants. Vous écoutez le podcast *AMATEURS*, qui vous partage dans chaque épisode ma discussion avec un médaillé olympique que je rencontre chez lui, ou par téléphone, pour écrire son nom en sa présence, et qui me raconte son histoire, celle de sa médaille, et celle de son sport. Je découvre que ces médaillés ont tous un point commun avec vous, auditeurs : l’amour du sport. Ce sont donc comme vous, des amateurs. Et pour cet épisode, j’ai eu la chance d’échanger avec Virginie Arnold, archère, médaillée de bronze de tir à l’arc par équipe en 2008 aux Jeux Olympiques de Pékin. Elle gagne cette médaille avec ses deux coéquipières Sophie Dodémont et Bérangère Schuh. Elle nous raconte la technicité du tir à l’arc, l’importance de la gestion du stress dans cette épreuve qui est une épreuve de précision, ainsi que l’ultra-domination des Sud-Coréennes dans cette épreuve. Elle nous parlera aussi de la difficulté à gérer les éléments extérieurs, que ce soit la vie quotidienne et personnelle ou la météo et les éléments naturels.
Virginie Arnold, 44 ans, née à Biscarosse, je vis sur Bordeaux et j’ai fait du tir à l’arc pendant presque 30 ans. J’ai commencé le tir à l’arc en colonie de vacances où il y avait plusieurs sports. J’ai choisi et j’ai préféré faire des sports que je ne connaissais pas dont le tir à l’arc. Et plus j’en mettais partout, plus j’étais contente. Quand je suis rentrée de colonie, j’ai dit à mes parents que je voulais m’inscrire au tir à l’arc. Et il y avait justement un club à Biscarosse de tir a à l’arc. Donc j’ai commencé au club de Biscarosse, si je ne me trompe pas dans les années 92. Après, j’ai changé de club en 98 pour les études et j’avais un club où j’avais un entraîneur et j’avais une équipe. À Biscarosse, je n’avais pas d’équipe, je n’avais rien. Puis après, j’ai progressé petit à petit. Et puis en décembre 2006, je reçois un courrier de la Fédération qui dit que je fais partie des 10 meilleures françaises, qu’il y a une sélection qui va se faire à Cannes en 2007. “Est-ce que je souhaite participer ?” Donc je suis allé discuter avec mon entraîneur de club pour voir et j’ai dit oui, je veux savoir où j’en suis. Je suis partie à Cannes, en mars 2007. Et là, je finis troisième de la sélection. Je pars en Corée, en Coupe du Monde, ma première Coupe du Monde. Je pars en Corée, je rentre de Corée, mon entraîneur m’annonce que j’ai une chance de participer au jeu. “Qu’est-ce que tu veux faire ?” Bah écoute c’est le rêve d’une gamine, donc on y va, on fonce, on tente et puis on verra ce qui se passera. J’ai tenté, ça a été 18 mois où ça a été du boulot intense, etc. La première sélection, pour commencer à construire les équipes, je la rate complet. Et la deuxième sélection, je la réussis complet. Je crois que je fais deux ou trois records de France qui n’ont pas été homologués, mais voilà. Je les ai fait quand même. Et voilà, donc du coup, au final de cette deuxième sélection, je finis première. Et au classement général, je finis troisième, puisque à la première sélection, j’avais fini, je crois, sixième sur neuf, avec moins 26 points, je crois, parce qu’il y avait des bonus et des malus. Et à la deuxième sélection, du coup, je remonte à un point, au général. Donc voilà. Pour dire que j’avais bien grimpé au niveau.
Vous avez fait une belle remontée.
Voilà, et puis je voulais ma place surtout. Voilà, surtout ça. Si, entre temps, entre ces deux sélections, c’est une petite anecdote, mon entraîneur qui est venu me voir en entraînement parce qu’elle voyait que je ne bougeais plus, je ne faisais plus rien, enfin, c’était… Voilà, je n’y arrivais pas. Il y avait quelque chose qui me bloquait. Elle est arrivée sur le terrain d’entraînement, aux cibles. Elle m’a dit, écoute Virginie, l’objectif des Jeux, tu n’es pas capable, on arrête là. Elle prend son vélo, elle rentre chez elle. J’ai dit non, c’est pas ça hein. Si je veux partir, donc deux jours après, le temps de réfléchir, de me poser, etc. Deux jours après, je lui ai dit non, mais moi, je veux partir au jeu. J’ai vu son sourire et c’est ce qu’elle attendait, que je verbalise que je souhaitais partir.
Elle a provoqué un peu le déclic.
C’est ça. En fait, elle a pris la carotte et tu la veux, la carotte, et bien tu vas la chercher. C’est presque ça. Je suis allée la chercher et puis voilà. C’est pour ça que la deuxième sélection, j’ai rien laissé passer. Je voulais ma place. Voilà.
Et donc vous avez eu la troisième place du coup.
Au général, et c’est là qu’ils nous ont dit, voilà, ces trois personnes, vous partez faire les Coupes du Monde, et puis suivant les résultats, on verra si c’est vous définitivement. Alors là, je ne me rappelle plus parce qu’il y a eu tellement de choses. Je me rappelle, il y a eu une Coupe du Monde qui s’est faite à Vittel. Non, c’était Coupe du Monde ou un championnat ? Non, c’était Championnat d’Europe à Vittel en France. Et que là, l’entraîneur national, Marc Dellenbach, nous annonce, et bah écoutez, pareil, en cible, on était en cible, “en face de moi, j’ai les trois meilleures françaises, c’est vous qui partez au jeu”. Voilà.
Excellent.
Ce jour-là, on a appris. On partait aux Jeux.
Et vous étiez déjà, entre guillemets, en équipe à ce moment-là ?
Oui, oui, oui. Avec Bérangère et Sophie.
Ok ouais, donc ils avaient quand même testé aussi…
Ah oui oui, et bien. À chaque fois, on va dire qu’il y avait toujours des… Enfin, il n’y avait pas forcément des résultats, mais il y avait de très belles choses, toutes les quatre. Alors, c’est pas méchant ce que je dis, je le dis très souvent. Souvent, on perdait à cause de Sophie, parce que Sophie tirait la dernière flèche, et tirer la dernière flèche, ce n’est pas quelque chose de simple. Donc elle savait qu’on devait faire 7, et bien elle faisait 6. Et souvent, on perdait à cause de moi, parce que moi je m’adore regarder sur les écrans géants. Voilà. J’adore me regarder tirer. Donc voilà. Donc souvent, on avait souvent la place du con, la quatrième place. Voilà.
C’est excellent, mais comment ça ? Vous tirez votre flèche, et au moment de lâcher, vous vous regardez sur l’écran ?
Oui, au lieu de finir mon geste, direct mon regard allait sur l’écran.
Ok. C’est amusant, ça.
Ben oui, ben voilà. Et du coup, si vous voulez, toutes les deux, donc Sophie, elle, elle a travaillé à tirer sa dernière flèche. Et moi, j’ai travaillé à rien savoir ce qui se passait sur le terrain. Quand je vais arriver vers la fin, vous allez vite comprendre que je ne suivais rien du tout quoi. En fait, j’avais interdiction de regarder les scoreurs, de regarder les écrans, de… Voilà.
Il fallait oublier tout l’environnement.
Oui, il fallait que j’oublie tout.
Ok. Et du coup, vous avez pratiqué ça comment ? Avec une routine ?
En fait, j’avais une stratégie de tir qui était figée et je devais finir mon geste avant de regarder les écrans. Voilà, c’est tout. Je n’avais pas le droit avant. Je m’étais interdit. Je voulais tellement qu’on y arrive que je voulais mettre toutes les chances de mon côté.
Et comment on choisit le dernier qui tire ?
C’est déjà, nous, on choisit un petit peu. Et après, moi, je savais qu’en équipe de France, je n’étais pas capable de tirer soit la première, soit la dernière. J’étais trop en panique. J’étais très bien, on va dire, enveloppée, on va dire, de mes coéquipières. Parce que la première, généralement, on met la meilleure personne, donc qui était Bérangère, parce que souvent, ça suit après. Si elle mettait une bonne flèche, nous, derrière, ça suivait, on mettait une bonne flèche. Si elle mettait une mauvaise, ça arrivait de mettre une mauvaise. Ou on arrivait à mettre aussi une bonne flèche, pour justement, pour qu’elle reprenne un peu de… C’est un truc de beaucoup de choses, je ne sais pas si je me suis fait…
Et bien si je résume, on est en épreuve par équipe à trois. Grosso modo, ce qu’on dit, c’est que la première flèche, on met en théorie le meilleur tireur. Parce qu’il va mettre en confiance tous les autres.
Voilà, elle est importante oui.
Et donc le dernier, on le met parce que c’est lui qui conclut.
Voilà, il faut gérer la pression qu’il y a derrière. Entre le temps, parce qu’on a un temps de 2 minutes pour tirer 6 flèches au total, donc c’est 20 secondes par archer, donc 40 secondes pour 2 flèches.
Ok.
Donc il faut savoir gérer le temps derrière et tirer la dernière flèche, enfin la mettre dedans quand vous avez le speaker qui dit il faut faire un 8 pour gagner. C’est une pression en plus aussi.
Oui, parce qu’on entend le speaker, on entend tout.
Oui, voilà. On savait très bien que Sophie avait un mental d’acier là-dessus. Il n’y avait aucun souci.
Est-ce que c’est un sport où il y a des stratégies de tir ? Ou en fait, de toute façon, il faut toujours mettre au milieu ?
La stratégie de tir, non. Pour moi, il n’y en a pas. C’est que la flèche, il faut qu’elle soit toujours au centre de la cible. Et après, non, c’est que nous, la stratégie qu’on avait, on va dire, c’est qu’on y a cru jusqu’au bout. Parce que si je raconte le meilleur match pour moi des Jeux, c’est le quart de finale contre la Pologne où on perd de 7 points, il reste 9 flèches à tirer. À ce niveau-là, c’est foutu. À ce niveau des Jeux Olympiques, c’est foutu.
Parce que, comment on compte les points ?
Alors, à l’époque, en 2008, c’était les points. C’était de 0 à 10. C’est-à-dire que vous avez le blanc qui est 1-2. Enfin, on part du 0, donc c’est vraiment… Voilà. Après, vous avez le premier cercle qui est 1. Le deuxième cercle qui est 2. Donc ça, c’est le blanc. Après, le noir, vous avez 3 et 4. Le bleu, 5 et 6. 7, 8, le rouge. Et 9 et 10, le jaune. Sachant que le 10… Enfin, le 10… Le centre, le jaune, fait la taille d’un CD. Donc 12,2 centimètres, je crois, de diamètre.
Et on est à quelle distance ?
Soixante-dix mètres.
Soixante-dix mètres, ok. Et donc, on est à soixante-dix mètres, le but c’est de tirer au centre, qui est le jaune, et donc on tire six flèches en deux minutes, deux chacune.
Voilà.
Et donc au maximum on peut rapporter soixante points.
Alors, soixante points sur la volée, sachant qu’il y en avait quatre, donc c’était sur cent vingt points. Qu’est ce que je vous dis ?
Deux cent quarante. Non ?
Oui c’est ça, deux cent quarante, oui oui deux cent quarante, c’est moi qui dis une bêtise, oui oui.
Ok, deux cent quarante points. Et vous avez fait combien du coup ?
Contre la Pologne, de mémoire, si je ne me trompe pas, je crois que c’est 211, et on a eu le record olympique pendant 20 minutes. Après, les Coréennes nous l’ont explosé, mais voilà.
Ah ouais ?
Oui, oui. Mais ça, personne ne le dit. Sauf que moi, j’ai revu des vidéos et on voit bien que… record olympique.
Donc 211, c’était le record olympique à la fin du match ?
Oui.
Et après, 20 minutes après, les Coréennes…
Les Coréennes nous l’ont bouffé, quoi. Au revoir.
Ouais, ça d’ailleurs, c’est un truc que j’ai observé un peu dans les noms que j’écris, c’est à quel point un relativement petit pays comme la Corée du Sud s’est spécialisé dans ce sport et le domine.
En fait, ce qu’il faut savoir, c’est que nous, on doit travailler à côté pour faire notre passion ou le faire même à haut niveau. Eux, là-bas, ils sont payés à faire que ça. Comme nous ici le foot. Voilà.
OK, il y a la même médiatisation, emballement du public qui fait ça, quoi.
Ah oui, c’est pour ça. Et puis, eux, ils tirent plus de 1000 flèches par jour. Nous, on est à 400, 500 flèches. Par jour.
Donc si on n’avait pas besoin de travailler à côté on pourrait en tirer 1000 aussi par jour ?
Moi je pense que c’est faisable, oui.
1000 par jour, donc ça fait plus de 300 000 flèches par an ?
Ah oui, c’est énorme. Mais ils font que ça, eux.
Ouais, bah ça… C’est marrant, ça rebondit avec le nom de mon projet qui s’appelle AMATEURS, qui pour moi réunit justement les amoureux du sport, donc que ce soit les professionnels ou les pratiquants et les spectateurs. C’est vraiment une des questions que j’aime bien poser, c’est est-ce qu’on était amateur à l’époque où on a gagné la médaille ?
Ah oui, moi j’étais qu’amateur, moi c’était ma passion point. Jamais j’aurais cru que j’allais participer aux Jeux. Pour moi c’était le rêve d’une gamine qui était très très loin. Déjà rentrer en équipe de France, c’était énorme pour moi. Et puis partir aux Jeux, alors là c’était voilà. Et ramener une médaille, c’est piou.
Oui, parce que du coup, de ce que j’ai vu aussi, vous parliez du match le plus compliqué qui était la Pologne.
Pas compliqué, c’est qu’on perdait. C’est qu’on perdait de sept points, il reste neuf flèches. À ce niveau-là, généralement, le match, il est fini. Il est fini, quoi. Sauf qu’on y a cru jusqu’au bout, alors qu’elles, en gros, elles avaient gagné. Elles se voyaient gagner. Alors que nous, on n’avait pas gagné, on n’avait pas perdu. On y a cru jusqu’au bout, jusqu’à la dernière flèche tirée, et on a gagné de 7 points. C’est-à-dire qu’on a rattrapé en 9 flèches 14 points.
Ah ouais, c’est beaucoup.
Énorme. C’est énorme. C’est pour ça que ce match, moi, j’adore le raconter, parce que pour moi, c’est le plus beau match.
Ouais, c’est vraiment un revirement de situation. On lâche rien, on y va.
C’est ça, c’est pour ça que je dis souvent, on lâche rien, tant que l’arbitre n’a pas sifflé, tant qu’on n’a pas tiré la dernière flèche, mais voilà, rien n’est gagné. C’est pour ça que ce match, j’adore le raconter pour dire, crois, crois, regarde ce que nous on a fait.
Excellent. Parce qu’en finale, de ce que j’ai vu, le score il était serré, non ?
Non, c’est la petite finale où il a été serré. Ah, c’est la petite finale. C’est la petite finale où contre les Anglaises, là, c’était serré. Ça s’est joué de mémoire à la fin de deux points.
Deux points, ah ouais.
Un ou deux points. Je crois qu’on a gagné de deux points parce qu’il y avait une flèche de barrage. Mais là, je ne saurais plus exactement… Je ne confirmerai pas.
C’est quoi une flèche de barrage ?
La flèche de barrage, c’est quand on est à ex aequo, on tire une flèche de barrage, et la flèche la plus près du centre gagne. Là, vu que c’est une équipe, c’est au nombre de points, et si au nombre de points on a égalité, ça sera la meilleure flèche des trois flèches. Chacune tire une flèche, et voilà. C’est au score, et si le score est identique, ils prennent la meilleure flèche.
Donc c’est les tirs au but, en fait ?
C’est un peu ça.
Ok. Ah ouais, donc vous gagnez la médaille de bronze aux tirs aux but ?
Non, on l’a gagné. Voilà. On n’a pas eu d’égalité. C’était chaud, mais voilà.
Parce que ça peut arriver, au tir à l’arc, qu’il y ait des égalités ?
Ah oui, ça arrive, oui. Et surtout qu’aujourd’hui, ils ont changé, ce n’est plus en nombre de points, mais c’est en set. Donc là, il y a un peu plus d’égalité.
Donc en set, c’est plutôt comme au tennis, c’est ça ?
C’est ça, c’est tout à fait ça. C’est le meilleur score qui gagne deux points. En cas d’égalité, c’est un point chacun. Et en cas d’égalité, parce qu’en fait, c’est le premier archer en individuel qui arrive à six points à gagner. S’il y a une égalité, là, il y a une flèche de barrage. Et là, ça arrive assez souvent. Et pareil par équipe.
OK, très clair. Je me demandais quel rapport on avait aux éléments naturels, parce que j’imagine que c’est en extérieur à chaque fois.
C’est en extérieur, donc on a la pluie, le beau temps, la grêle, enfin voilà. Je me rappelle le match en demi contre la Corée. La première volée s’est à peu près bien passée. On savait qu’on allait perdre, parce que c’est la Corée, on a tout fait pour essayer de gagner mais sauf qu’après, on a eu une pluie énorme. Moi, avec ma petite puissance, je partais partout. Donc on a perdu. Donc voilà, on a le vent, on a la pluie, on a toutes les conditions.
Oui, parce qu’en fait, ce que vous dites, c’est que tirer une flèche, c’est un rapport puissance précision, c’est ça ?
C’est ça.
Donc il y a des tireurs ou tireuses qui sont plus puissants et d’autres qui sont plus précis.
Voilà, c’est la maîtrise de soi. Mais en fait, il faut maîtriser son arc. C’est pas la peine de tirer, je vais exagérer, 50 tirs, si derrière, je les maîtrise pas. Moi, je savais qu’avec mes petits 33 livres, je les maîtrisais. Bon, sauf quand il y avait de la pluie, parce que la pluie, puis c’était pas de la pluie, c’était vraiment des grosses gouttes. Donc avec ma faible puissance, qu’est-ce qui se passait ? Les gouttes tombaient sur les flèches et ça me faisait descendre les flèches et voilà.
Donc quand vous dites 33 livres, j’ai pas compris.
33 livres, en fait, vous divisez par deux pour avoir le nombre de kilos que je tirais. Donc ça faisait à peu près 16 kilos, entre 16 et 17 kilos par flèche.
Donc ces kilos, on traduit en fait la tension ?
La puissance, la puissance de l’arc.
La puissance de l’arc, ok. Ah, et donc il y a des gens qui vont tirer à 20 kilos ou à 30 kilos ?
Voilà, les coréennes sont à peu près à 50 livres.
Ah oui !
Ah oui, ben elles font ça tous les jours. Moi, je travaillais à côté. Donc voilà. Mais après, comme je dis, moi si je suis arrivée là, ça a été le mental qui a été plus fort.
Ouais.
Et de toute façon, aux Jeux, moi je dis toujours, c’est qui sera le plus fort mentalement qui gagnera.
Ouais, parce que par définition, alors j’imagine que c’est quand même un sport physique, mais où l’aspect mental est peut-être encore plus présent, quoi.
C’est primordial. C’est primordial.
Ouais, c’est un sport de précision, quoi.
Voilà, la maîtrise de soi.
Et les épreuves, c’est toujours sur 70 mètres ?
Oui. Oui, oui.
Et est-ce qu’on a des arcs particuliers ? Est-ce que les arcs changent d’un athlète à l’autre ?
Ah bah après, chaque athlète tire la marque qu’il souhaite ou autre. Moi, je tirais une marque coréenne qui était Win & Win. J’avais Sophie qui tirait Samick, qui était, je crois, aussi coréen. Et Bérangère qui tirait un Hoyt. Elle, c’était américain. Chacun tire sa marque. Il faut qu’on soit à l’aise avec notre matériel.
Et vous lui donnez un petit nom à votre arc ?
Pas du tout.
Donc vous gagnez cette médaille de bronze aux Jeux de Pékin en 2008. Comment c’était ces Jeux de Pékin ? Est-ce qu’il y avait des choses particulières, extraordinaires ?
Tout était magique. Après, il y a tellement d’anecdotes que je pourrais raconter que voilà. Mais non, c’était…
Si vous deviez en raconter une.
Non, il y en a tellement. Une à chaque fois… bah mes bagages ne sont pas arrivés à Paris. De Bordeaux à Paris, n’hésitez pas. Ensuite, qu’est-ce qu’il y a eu ? Si, le record olympique.
De 20 minutes !
De 20 minutes, oui. Après mes neveux, ma famille qui sont venus me récupérer à l’aéroport quand je suis rentrée, vu que je tardais à arriver, ils sont montés sur un petit avion, vous savez les petits jouets là ? Ils sont montés sur un petit avion, tous. À l’époque j’en avais 2, 4, 6 ou 8 ? 6 ! J’en avais 6 à l’époque. Ils sont montés les 6 sur les ailes donc je vous dis pas que l’avion il a lâché. Quand je suis montée dans l’avion pour le retour à Bordeaux, j’avais envie de dire aux pilotes, faites demi-tour, je reste à Paris, je suis trop bien à Paris. Tellement que j’étais en panique de rentrer sur Bordeaux.
Et est-ce que vous avez entendu parler du mur où ils ont écrit tous les noms des athlètes qui ont gagné la médaille d’or ?
Non, ça ne me dit rien.
Il y a des para-athlètes notamment, David Smetanine et Stéphane Houdet qui m’en ont parlé en disant que c’était un super souvenir d’avoir son nom là-bas. Alors, je crois que ça ne concernait que les médailles d’or.
Non, ça ne me parle pas du tout.
Et donc je me demandais si vous en aviez entendu parler. Et donc aujourd’hui, vous faites toujours du tir à l’arc ou pas ?
Non, j’ai tout arrêté.
Tout arrêté ?
Oui. Déjà, je me suis opérée de l’épaule, et quand j’ai repris un peu, je tirais pas comme je faisais avant, donc ça m’a… Voilà, puis plus envie. Donc je suis ça de loin.
Ok. Et vous avez transposé ça sur un autre sport de précision ?
Pas du tout. Le sport, je veux même plus en entendre parler pour le moment. J’ai essayé du softball, sauf que l’épaule me l’a dit stop. Parce que voilà, tous les sports que je souhaite faire, c’est qu’avec l’épaule, et l’épaule, c’est que j’ai mal, quoi.
Ah oui, c’est pas agréable.
Bah non, parce qu’au softball, je hurlais, non mais une balle molle et pas une dure. Sauf que le soir, je rentrais, j’avais quand même mal.
Oui, parce que j’ai vu dans l’équipement de l’archer, il y a cette bandoulière.
Alors, qu’est-ce que vous appelez la bandoulière ?
Je ne saurais pas vous dire. J’ai vu des photos d’archers qui ont quelque chose sur le corps, qui est en diagonale.
Sur la poitrine ?
Sur la poitrine, oui.
Voilà, ça s’appelle un plastron. Voilà. En fait, c’est juste pour que la corde frotte beaucoup mieux sur ce plastron que sur le vêtement. Parce qu’il suffit qu’il y ait du vent ou autre, ça va accrocher, la corde va accrocher sur le vêtement. C’est pour ça qu’on met un plastron qui protège… Enfin, qui protège, ça protège pas, mais qui moule bien, on va dire, notre corps, et que la corde ne touche pas le vêtement.
Ok. Donc c’est pour être sûr que ça aille tout droit et que ça reste lisse.
C’est ça.
Ok. Et donc pareil sur le visage, en fait, on vient coller la corde contre le visage, c’est ça ?
Voilà, c’est pour faire toujours le même repère. Si on n’a pas le même repère, la corde va partir, enfin la flèche partira soit à droite, soit à gauche, soit en bas, soit en haut, enfin voilà. Plus on sera précis au niveau du visage et tout ça, là oui, la flèche, on aura toujours la même trajectoire.
Et est-ce que ça peut laisser des traces sur le visage ?
Ah regardez les coréennes, vous allez voir.
Ah elles ont la fente ?
Elles ont bien la marque. Après, ça dépend de la tension qu’on met dessus. Je sais que moi c’était juste frôler et après je partais tout doucement. Elles, je sais qu’elles viennent un peu plus en appui. Tout dépend. Du moment qu’on a toujours, qu’on répète le même geste.
Ça peut finir en bec de lièvre, en fait.
Ah elles ont bien la marque. Après, je pense que ça doit disparaître. Parce que nous, on a souvent… Moi, le plus que j’avais, c’était la corne aux doigts.
Et dans le choix, est-ce que les flèches sont différentes ? On choisit ses flèches ?
Oui, on choisit nos flèches par rapport à la puissance et à l’allonge qu’on a. Moi, je ne peux pas prêter mes flèches à n’importe qui, même à personne. Bérengère avait ses propres flèches, Sophie avait ses propres flèches, parce que chacune en tirait une puissance différente et on avait une allonge différente.
Et ces flèches-là, est-ce qu’on en change en fonction de la météo ?
Non, c’est les mêmes, c’est le même matériel qu’on utilise.
Ok, donc qui pleuve, qui vente, qui grêle.
Oui, ça sera toujours la même chose.
Donc cette flèche, elle est faite pour notre allonge de bras.
C’est ça. Et la puissance qu’on tire.
Et la puissance qu’on tire. Ok, donc j’imagine quand on tire plus léger, on a une flèche plus légère.
Voilà, en gros, c’est ça.
Après ces Jeux, vous êtes rentrée du coup à Paris et ensuite à Bordeaux?
À Paris, quand on est arrivés, je devais repartir le lendemain. Et en fait, non, parce que le lendemain, on devait descendre les Champs-Elysées, comme les champions du monde en foot. J’ai dit « Attends, il faut le faire, ça ne sera qu’une fois dans ma vie ». Donc j’ai fait ça, après on a été reçus à l’Élysée, et puis le lendemain je suis rentrée à Bordeaux, où là j’ai eu l’armée, puisqu’à l’époque j’étais militaire, l’armée de l’air qui est venue à l’aéroport, ma famille qui était présente, et mon club qui était présent aussi. Donc ça faisait du monde à l’aéroport.
Un, ça faisait du monde, et deux, les petits-neveux, du coup, ils ont cassé un avion devant l’armée de l’air.
Voilà, ouais..
Ok. Ça, c’est marrant comme histoire.
Ouais, et puis mon filleul qui a pleuré dans mes bras quand je suis partie lui dire bonjour.
Trop chou. Vous avez vraiment senti la fierté, quoi.
Ah oui. Après, j’ai pas vu tout le monde. Mais je sais que mon oncle et ma tante, ils en ont pleuré. Mes parents, ils en ont pleuré. Mes frères ont pleuré aussi. Enfin, voilà. Mais j’ai pas… Il y a des choses que je n’ai pas pu voir. J’étais tellement… Voilà, j’avais la télé qui m’attendait. J’avais Sud-Ouest aussi. J’avais la mairie qui allait m’attendre aussi parce que le club avait organisé une petite réception.
Et quand vous avez tiré à Pékin, vous n’avez jamais regardé les grands écrans ?
Non. Non, parce que, ah oui l’anecdote aussi, c’est qu’en fait, Sophie a tiré sa dernière flèche. Elle s’est retournée une première fois. Enfin, elle s’est tournée une première fois pour dire on a gagné, mais elle a vu qu’avec Bérangère, on réagissait pas. Pour moi, il restait encore des flèches. Donc Sophie, qu’est-ce qu’elle a fait ? Elle s’est re-retournée pour voir si réellement on avait gagné. Et elle a dit, “oh les filles, on a gagné”. Voilà.
Excellent.
Donc, ça prouvait que je ne suivais rien du tout.
C’est presque devenu robotique, quoi.
C’est ça.
On avance, on tire, on avance, on tire, on compte pas les points, on fait pas les trucs, faut juste faire 10.
C’était ça.
OK, excellent. Et donc après, vous avez continué une carrière ?
J’ai essayé jusqu’à Londres, donc 2012. Et puis après, bonj’ai eu l’épaule, là, il fallait que je me fasse opérer. C’était plus possible. Je me tenais l’épaule à la fin des compètes.
Ah ouais, ok. Donc c’est fin de carrière sur blessure, quoi.
Oui.
Et après vous êtes restée dans le monde de l’archerie, on dit ?
Oui, archerie. Oui, non, voilà, je tirais un petit peu, j’avais arrêté, voilà. Après j’ai essayé d’entraîner, mais voilà, c’est pas… J’ai arrêté.
Ok. Et qu’est-ce qui fait du coup aujourd’hui, quand on est gamin, qu’on se met au tir à l’arc ou qu’on fait du tir à l’arc plutôt qu’un autre sport ? Qu’est-ce que ça apporte ? Quelle est la différence ?
Les gamins, eux, c’est quand ils regardent Robin Des bois. Et après, qu’est-ce que ça apporte ? C’est surtout pour les gamins hyper actifs, où là, ça les canalise quand même. Parce que si on n’est pas calme pour tirer… Moi, je me rappelle, oui, il y a des entraînements. Je suis arrivée… Enfin, je me rappellerai toujours. Une fois, je suis arrivée à l’entraînement, j’ai dit à mon entraîneur, bon, aujourd’hui, je fais pas 500 points. Bah, je les ai pas faits, hein. Voilà. Donc… Donc voilà, c’est pour ça que je dis énormément que le mental, il joue beaucoup. Donc ça prouve que, pareil, une fois, j’étais en colère ou… Non, mon père qui était à l’hôpital où j’avais failli le perdre sur la table d’opération, je suis partie m’entraîner, j’y arrivais pas. J’ai dit, écoute, c’est bon, là, je suis là pour mon plaisir, papa, il va rester dehors. Donc du coup, je suis ressortie. C’est une image que j’ai faite. Je suis sortie du terrain, j’ai dit, non, papa, tu restes là, je vais m’entraîner, et après, je reviens, je te reprends. Et puis voilà, ça a marché après. Donc après, on sait que ça m’a beaucoup apporté sur plein de choses, quoi.
Ça a été une école de la vie pour la suite, de tenir son mental et rester calme dans toutes les situations.
Voilà, parce que le boulot, c’est bien de se battre tous les jours, parce que malheureusement, le boulot, il y a des fois, c’est dur. Et voilà tous les jours, il faut se battre. Moi je ne lâche pas dès qu’il y a une difficulté. Aujourd’hui, il y en a beaucoup qui lâchent parce qu’il y a une difficulté.
Et vous faites quoi, du coup, comme boulot ? Vous faisiez quoi aussi pendant…
Alors, moi, quand j’étais à l’armée, j’étais, on va dire, comptable. Ensuite, j’ai réussi mon concours de sous-officier, donc je suis passée secrétaire. Et je suis partie à Mérignac, parce que j’ai fait Cazaux, Paris et Mérignac. Quand j’ai commencé à préparer 2012, je suis partie à la police municipale à Saint-Médard en Jalles. Et après, voilà, je voulais plus mettre ma vie en danger, donc du coup, je suis partie, j’ai eu une opportunité, je travaille chez un notaire, en tant que formaliste. Donc rien à voir.
Ouais, complètement. Changement de sujet. OK. Et vous avez toujours des contacts avec vos co-médaillés, vos coéquipièrees ?
Là, je pense qu’on va se voir le 28. Quand on se voit, voilà. C’est juste quand on se voit.
C’est juste quand on se voit. Donc le 28, vous montez à Paris pour les épreuves ?
Oui, c’est ça. Pour les épreuves équipes filles.
OK.
La Fédération nous a invitées filles.
Ah, top. Ça va être magique.
Oui, je leur souhaite. Là, elles ont fait des résultats à la dernière Coupe du Monde. Elles ont fini deuxième. Donc voilà, je croise les doigts.
Derrière les Coréennes ?
Oui, malheureusement, toujours derrière les Coréennes.
On croise les doigts pour que ce soit pour cet été.
C’est ça. Si elle gagne une médaille, ce sera déjà bien. Je ne leur demande pas l’or. Une médaille. C’est voilà, moi, je pense que quand on fait les Jeux, c’est ramener une médaille déjà. Parce que comme je dis on est, je ne sais plus combien de millions à faire du sport en France, on n’est que 400 à partir et on ne revient que 40 médaillés. C’est énorme. Donc, si elles peuvent en faire partie, je leur souhaite. Et en plus, à Paris, voilà, ce serait magique.
À Paris, surtout moi je suis passé devant là, il y a une semaine, sur les plus pelouses d’invalides, là, ça va être magique.
Ah oui, ça va être top.
Ça va être formidable. C’est un bel endroit. OK. C’est marrant de se dire, je ne connais pas d’autres sports autant dominés, j’ai l’impression, à part peut-être le ping-pong, le badminton.
A part chez les hommes, il y a vraiment que chez les femmes où c’est vraiment dominé. Depuis que le tir par équipe existe, si je ne me trompe pas. Depuis que le tir par équipe existe aux Jeux Olympiques, ça a toujours été les coréennes.
Qui ont gagnées la médaille d’or.
Après, ça a toujours tourné, mais les Coréennes, toujours première.
En fait, le tir à l’arc, c’est une matière chez eux comme l’écriture, comme le français ou l’histoire.
C’est ça.
Ils naissent avec un arc entre les mains.
Alors, ils naissent pas avec un arc dans les mains. Il faut qu’ils fassent le geste parfait. Tant que le geste n’est pas parfait, ils ont un élastique, en fait, au début. Tant que le geste n’est pas parfait, ils n’ont pas le droit à un arc. Une fois que le geste est parfait à l’élastique, ils ont le droit à un arc, mais ne peuvent pas tirer de flèches. Voilà. Après, une fois que c’est parfait, ils ont le droit de tirer des flèches. C’est pas la même mentalité où nous, t’as un arc, t’as les flèches, démerde-toi en gros. J’exagère, mais c’est presque ça.
On a un carquois aussi ?
Oui, pour mettre les flèches. Ça aussi, il y a eu une anecdote dessus. La fédération nous achète des carquois et ils devaient arriver directement à Pékin. Mais quand on est arrivé, ils ont mis 2-3 jours, ils étaient bouclés à la douane. Donc on n’avait pas de carquois au tout début quand on est arrivé.
Et donc la mécanique, c’est quoi ? C’est on attrape une flèche, on la met, on visualise, on décoche.
Alors, moi, mon rituel, voilà, c’est je mettais la flèche, le temps que je mettais la flèche, je me répétais, je faisais la visualisation et la stratégie de tir. Donc avec mon entraîneur de club, Martine Lafitte, on appelait ça le refrain. Je me préparais tout ça avant de tirer la flèche et une fois que j’avais mis mes doigts, hop, c’était parti et je remémorais tout ce que je faisais. Et voilà. Et après, je décochais et ça allait là où ça allait.
Et donc, on a un petit écran, c’est ça, où on peut voir la puissance du vent ?
Alors ça, on l’a surtout quand on est dans les arènes. En fait, on a un premier jour de tir de qualification pour savoir le classement où on est. Parce qu’en fait, en individuel et même par équipe, le premier contre le dernier, le deuxième contre l’avant-dernier, etc. Donc voilà, on a le tir de qualif qui se joue sur 72 flèches au total. Donc c’est deux séries de six volets de six flèches. Et après, on est classé. Et puis le lendemain, on fait les matchs individuels ou par équipe, suivant le programme qui est planifié.
Mais du coup, on voit la force du vent au moment où on tire.
En fait, on voit le drapeau. Là, le vent, on le voit parce qu’on a un drapeau au niveau des cibles et on a, mince comment ça s’appelle ? J’ai perdu le nom. Comment on a sur les autoroutes ?
Les filets, là.
Ouais, le filet rouge et blanc, là.
Le tube?
Non c’est pas le tube. Je sais plus comment ils appellent ça. Enfin, nous, on a la même chose aussi au milieu du terrain, qui nous donne à peu près ce que ça donne et ce qu’on doit faire après derrière.
Ok, mais donc c’est pas chiffré en fait ?
Non, c’est pas chiffré.
Ça vous dit pas, c’est 7 km heure gauche nord-ouest ?
C’est ça. Vous allez le voir à la télé, mais nous on le voit pas.On a juste le petit drapeau.
Donc vous, à l’entraînement, vous travaillez autant la précision que la lecture, j’imagine, de ce drapeau.
C’est ça. C’est pour ça que j’allais m’entraîner, qu’il pleuve, qu’il vente, n’importe quoi, j’y allais n’importe quelle heure, n’importe quel temps. J’y allais parce que le jour J, quand on a une compétition, on ne sait pas quel temps il va faire.
Et comment on lit ce drapeau ? Est-ce qu’on se dit là je pense c’est à peu près en haut à gauche du coup faut que je corrige, ou est-ce qu’on le traduit en kilomètre heure en se disant ça …
Non moi je contrevisais en fait suivant la force du vent, je contrevisais ou non.
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire qu’au lieu de viser le jaune, si le vent était côté droit, bah je visais à gauche, pour que la flèche se ramène à droite, et plus au centre de la cible.
Mais du coup, vous arrivez à voir qu’il vient de droite, mais plutôt d’en dessous, et que du coup, il faut viser…
Oui bah après c’est le drapeau qui nous guide.
Et ça arrive qu’au moment où on décoche, le vent tombe ou change ?
Très souvent. Très souvent c’est arrivé. Donc, voilà.
Ok. Donc dans ce cas, on a raté, on ne pouvait pas l’anticiper.
Non, on ne peut pas. Des fois, on lâche au moment où il n’y a plus de vent. Soit on ne contrevisait pas et voilà. C’était un jeu. Moi, j’aimais bien.
Et ouais, on ne demande pas de compétences en météo, de comprendre les masses d’air chaudes, comment ça peut se passer, etc…
Non, parce que… En fait, alors, après, quand il pleut, on doit tapoter la corde. Parce qu’en fait, quand il pleut, la corde, elle est imbibée d’eau, donc sinon, ça va faire ralentir la corde. Donc on la tape avant de tirer la première flèche. Sinon, voilà, je vous dis, on perd de la puissance. Après, quand il fait soleil, on essaie de les mettre à l’ombre parce que ça agrandit un peu la corde. Mais maintenant, aujourd’hui, le matériel qu’ils font, ça n’existe plus, tout ça.
Ah, il n’y a plus ces problèmes techniques ?
Il y en a beaucoup moins.
Et du coup, ces archères, vous avez un message que vous aimeriez leur donner ou leur souhaiter ?
Qu’elles s’amusent et qu’elles y croient jusqu’au bout. Tant que la dernière flèche n’est pas tirée, il faut y croire. Voilà.
Je vous remercie pour votre écoute et j’espère que cette rencontre avec Virginie Arnold et le tir à l’arc vous a plu. J’ai personnellement beaucoup aimé son explication de la difficulté de la gestion de la météo, qui rajoute vraiment un élément ludique à ce sport je trouve. J’ai aussi été touché par sa détermination à participer aux Jeux Olympiques et à sa capacité à rentrer dans un état de concentration total. Vous pouvez découvrir d’autres histoires de médailles olympiques sur ce podcast et sur les réseaux sociaux. Si vous avez aimé cet épisode et si vous voulez soutenir le projet artistique *AMATEURS*, n’hésitez pas à vous abonner, à partager ce podcast à vos proches et aux amoureux du sport, à laisser un commentaire et à mettre 5 étoiles sur les plateformes d’écoute. Je vous remercie pour ce moment partagé ensemble, pour votre temps et je vous dis à bientôt.